Je m’appelle Justin Piché. Je suis professeur titulaire au département de criminologie à l’Université d’Ottawa, qui se retrouve ici, sur le territoire non cédé du peuple anishinabé algonquin. Je suis également membre de Faculté pour Palestine.
Je suis ici, en solidarité avec les étudiantes et les autres organisateurs du campement de Tabaret, ainsi qu’avec mes collègues universitaires et mes amis du mouvement syndical, pour communiquer quatre points simples.
Numéro 1 – Suite aux attaques du 7 octobre 2024 par le Hamas sur des cibles situées sur des terres palestiniennes revendiquées par des colons israéliens, Israël a mené sa dernière campagne militaire à Gaza, qui a tué près de 40 000 personnes et déplacé près de 2 millions de personnes selon des estimations récentes. Des foyers entiers, des quartiers et même des universités comme celle où nous nous trouvons actuellement aujourd’hui ont été rayés. Si nous étions à Gaza en ce moment, nous, étudiantes et professeurs d’université, n’aurions nulle part où aller pour étudier et faire de la recherche. En fait, un certain nombre d’entre nous seraient blessés, mutilés ou morts. Ce type de violence génocidaire continue.
Numéro 2 – Les étudiantes et les autres organisateurs d’Occupy Tabaret, qu’ils ou elles soient juifs, musulmans ou d’autres fois religieuses, ou sans aucune foi religieuse, sont ici depuis près de deux mois, occupant et partageant l’espace, partageant leurs connaissances et leurs expériences, partageant la nourriture, et s’offrant les uns aux autres des soins et de la compassion. Ils se sont protégés les uns les autres malgré le harcèlement et les attaques des groupes extrémistes. Leurs revendications sont simples et raisonnables. Elles exigent que l’Université d’Ottawa révèle ses investissements dans le complexe militaro-industriel et se désengage des profits de guerre liés au génocide en cours en Palestine.
Numéro 3 – Au cours des deux derniers mois, l’administration a menacé de « graves conséquences » vis-à-vis les personnes qui ont organisé cette action pacifique. L’administration n’a pas négocié de bonne foi, a reculé de la table des négociations et semble se préparer pour un lancement d’avis d’intrusion et à ce que la police démantèle ce campement pacifique, au risque d’arrêter ses propres étudiants. Le message que nous adressons à l’administration de l’Université d’Ottawa est clair : faites votre part pour mettre fin au génocide en Palestine, faites votre part pour travailler à la libération, à l’autodétermination et à une paix juste en Palestine, et retournez à la table des négociations avec les représentants du campement pour trouver un moyen de désinvestir des bombardements, de l’occupation et de l’apartheid qui se poursuivent en Palestine.
Et enfin, le numéro 4 – Les personnes ici présentes n’ont pas besoin d’être menacées par les responsables de l’Université d’Ottawa. Les étudiants, le personnel, les professeurs et les alliés ici n’ont pas besoin d’un siège policier comme celui que nous avons vu à Columbia et ailleurs, qui sera, et dont on se souviendra, comme une erreur si jamais il est ordonné – nous avons besoin d’action. Si l’administration de l’Université d’Ottawa envoie la police pour arrêter les étudiantes, la police devra également arrêter certains professeurs et nos amis du mouvement syndical, et si cela se produit alors qu’il existe un espace de dialogue et de négociation, le président Frémont et son équipe n’auront d’autre choix que de démissionner parce que tel geste indiquerait clairement qu’ils n’ont pas à cœur les meilleurs intérêts de leurs étudiantes et de leurs professeurs. Les gens ici, vous savez, nous sommes ici dans une université. Une université censée fonctionner où les arguments sont gagnés avec de la logique, des faits, de meilleurs arguments. C’est ce qui est censé prévaloir ici, pas la force. N’est-ce pas ?
Je vous remercie.